Début d’un temps nouveau

marche-public-shawinigan-2015Depuis près de 30 ans, les habitués du Marché public de Shawinigan savent que s’ils veulent leur sac de fromage en grains frais du jour, ils n’ont qu’à arrêter au kiosque d’Yvan Martel. En plus de déguster leur collation, ils pourront engager une conversation amicale qui peut dévier vers la confidence.

«Yvan du fromage», c’est le nom du kiosque, est stratégiquement situé en plein milieu du marché. Jeudi après-midi, l’endroit dégageait une fébrilité particulière, en raison du dévoilement officiel des nouveautés qui l’enrichiront progressivement d’ici l’automne.

Que de chemin parcouru depuis la création de la coopérative de solidarité du marché public de Shawinigan, en 2011! M. Martel sait bien que les marchands ont traversé une période un peu plus difficile, mais les transformations récompenseront ceux qui ont persévéré au fil des années.

«Moi, j’ai toujours eu confiance», assure-t-il. «Il y a 29 ans, quand je suis arrivé ici, quelqu’un m’avait dit que c’était à la veille de fermer. Je ne me suis jamais occupé de ça et j’ai décidé d’aller de l’avant. Avec ce projet, ça va être fantastique!»

La boucherie de Jean-Guy Nobert a également vu couler beaucoup d’eau sous les ponts depuis son arrivée au marché public en 1976. Il s’attend à voir bondir son chiffre d’affaires avec la cure de rajeunissement confirmée hier.

«Dans le temps, c’était noir de monde ici», se remémore-t-il. «Graduellement, les marchands sont partis et je trouvais ça dommage que ça descende, même si, de notre côté, nous avons toujours été en croissance. Maintenant, nous aurons une belle façade, un beau look. Ce sera plus invitant pour la population et ça donnera encore plus de valeur à notre ville.»

Des dix commerçants réguliers du Marché public de Shawinigan, on passera à une trentaine lorsque les travaux seront terminés. Un investissement de près d’un million de dollars qui donnera visiblement un nouvel élan au rendez-vous de l’avenue Champlain. Le président du conseil d’administration, Pierre Germain, se pince en mentionnant qu’il possède maintenant une liste d’attente de marchands qui souhaitent avoir leur place au Marché public de Shawinigan.

signature-marche-public-shawiniganLe maire, Michel Angers, n’hésite pas à qualifier de «grand moment» cette étape importante dans l’histoire de cette véritable institution, fondée en 1902 mais établie dans le quartier Saint-Marc depuis 1966.

Dix partenaires ont participé au montage financier pour rendre possible la transformation tant souhaitée. Gilles Lafrenière, commissaire à l’économie sociale au Centre local de développement de Shawinigan, précise que la Ville a absorbé une dette de 140 000 $ pour favoriser le lancement de la coopérative. De plus, elle cédera sous peu l’immeuble en emphytéose.

Justine Prud’homme, directrice générale de la coopérative, distribuait généreusement les sourires hier après-midi, très fière de cet aboutissement longtemps désiré. Le travail s’est échelonné sur quatre ans, mais disons que le recrutement s’est intensifié l’automne dernier.

En plus de l’arrivée d’une vingtaine de nouveaux producteurs, l’aménagement d’une scène ajoutera une touche d’animation. Par exemple, des chefs pourraient venir y donner des conférences ou des ateliers.

Les nouveaux

Si des commerces bien établis comme Passion Lavande ou Domaine & Vins Gélinas plongeront dans une nouvelle expérience au Marché public de Shawinigan, d’autres s’en serviront comme tremplin pour se lancer en affaires. Ce sera notamment le cas de Frédéric Cantin, avec Les cueilleurs des bois.  Son emplacement offrira des champignons, des thés, des tisanes, des épices et des petits fruits sauvages. Enthousiaste, le jeune homme de 24 ans souhaite ouvrir dans un mois.

«Ma blonde travaillait ici et j’ai appris à connaître tout le monde», sourit-il. «J’aime la structure et je voulais me partir quelque chose à moi.»

Marie-Ève Kéroack se lancera aussi dans l’aventure avec le Kokomi sushi. «Je suis une habituée des marchés publics; j’adore ça!», lance-t-elle. «Je voulais travailler dans cette ambiance. Quand j’ai su ce qui s’en venait ici, j’ai rencontré Justine!»

Lorsque le conjoint d’Andrea Castillo a obtenu un emploi chez CGI, la jeune femme se disait qu’en déménageant à Shawinigan, elle pourrait se trouver un local pour donner des cours de pâtisserie. Mais elle a tellement été charmée par le marché public qu’elle a décidé d’y reproduire son Pink box sweets qu’elle avait créé à Verdun.

«Tout est arrivé très vite et mes plans ont changé», sourit-elle. «C’est vraiment génial ici, ça va être très beau !»

Le Marché public de Shawinigan continuera d’être ouvert du jeudi au samedi durant les travaux.

À compter de l’automne, les visiteurs pourront s’y présenter du mercredi au dimanche.

Source:  Le Nouvelliste